Tout va bien…

30 ans ! la galerie a 30 ans cette année.

Tout va bien !

Nous sommes parmi les tous premiers en France, et relativement substantiels dans le monde.

J’avais, avant de prendre la suite de mon Père, été le maitre d’ouvrage de l’installation de Christie’s en France en tant que maison de ventes. Avec succès !

Après Fiac et Tefaf, je siège désormais au comité de sélection d’Art Basel à Bâle.

Il m’arrive de m’engager pour représenter ce que je crois être les intérêts de ma profession.

J’ai diversifié les axes de communication d’Applicat en ouvrant aux sports équestres. Faute d’avoir pu y parvenir par moi-même, je suis champion de France de dressage par procuration, et ma jument est en partance pour les championnats du monde !

Nous préparons enfin pour octobre l’exposition la plus ambitieuse que nous ayons conçue à ce jour.

Tout va bien !

Ce faisant, qu’ai-je vraiment fait au fond depuis 30 ans ?

Je crains d’avoir passé le point de non-retour sur le chemin qui de Ionesco me conduit à Houellebecq. C’est un problème…

Qu’est-il advenu de mes racines ? toujours vivaces, sans doute. Pas sûr…

Mais j’aurai au moins acquis une conviction, à force de cotoyer le vrai talent, celui des grands Artistes ! Il n’y a pas d’Œuvre sans chef-d’œuvre, ni trace sans postérité.

Je n’ai pas ce talent, mais le feu m’anime toujours sous l’âtre poudré de gris des redondances et autres éternels recommencements. Une lumière est venue le raviver qui me laisse entrevoir avec détermination les 30 prochaines années.

Franck Prazan

Rhinocéros

Les rhinocéros ne sont ni d’extrême gauche ni d’extrême droite. Ils font juste comme tous les autres rhinocéros.

Ils ne connaissent ni l’histoire, ni la géographie, ni les sciences, fussent-elles politiques. D’ailleurs, ils n’en ont cure. Eux, ils mangent de l’herbe. Oui, ce lourd périssodactyle disgracieux broute ! Un tapir en plus grand ! Un âne en moins affectueux, en beaucoup moins intelligent.

Qui a dit qu’ils étaient en voie de disparition ? C’est tout le contraire…

Tout chez lui pousse par agglutination ! Même ses cornes n’en sont pas vraiment ! De vulgaires protubérances, de la peau durcie, de la kératine accumulée à force de temps… Ce même temps qui forge l’ignorance quand il devrait permettre de la vaincre !

Le rhinocéros n’étudie pas. Ou plutôt si, mais il n’apprend pas : Il retient ! Quoi ? Ce qui lui est vital pour survivre et se reproduire… Son cerveau n’est pas fait pour autre chose.

Il est aveugle mais pas sourd, quand bien même il n’entend rien.

A tout, il a des solutions simples !

Son territoire serait menacé par une autre espèce ? Pas même besoin de fermer ses frontières, il a déjà tout du char d’assaut ! Lui, il n’intègre pas : il refoule ! Et la boue lui sert de remparts ! En vrai, il n’a aucun ennemi ! Quelques hommes, parfois, férus d’humanités !

Comme il ne voit rien, il croit distinguer des congénères, là-bas, au loin ! Trop loin pour que son olfaction, pourtant pléthorique, ne le déniaise. Il ignore donc ce que ces formes hideuses lui affligeraient de souffrances avant que de l’asservir, si toutefois ils lui laissaient la vie sauve. Ces formes ? Des hommes également, ennemis de même, mais ceux-là pas férus d’Humanité, mais alors pas du tout ! Des coupeurs de cornes et du reste, et qui se foutent pas mal de savoir si oui ou non elles seraient aphrodisiaques !

Ionesco, reviens !

La technique sublimée par l’amour…

La seule vraie bonne définition de l’art que j’aie pu trouver en 30 ans d’expérience professionnelle, c’est celle d’un écuyer, certes le plus grand du XXème siècle, mais qui n’a jamais enseigné ni dans une école d’arts plastiques, ni dans une faculté d’histoire de l’art, et encore moins dans un institut d’administration des affaires publiques !

L’Art, c’est la technique sublimée par l’Amour, disait Nuno Oliveira !

Humm ! quelle part d’immatériel faut-il ajouter à l’outil, au support, à la mise en œuvre, à l’attente et à l’espoir, pour que soit constituée une valeur taxable ? Et à quel juste niveau ?

La Directive TVA UE 2022/542 adoptée par le Conseil Européen le 5 avril dernier, à l’unanimité des 27 états membres dont la France, sans concertation auprès des professionnels du marché, et encore moins auprès des Artistes, nous en fournit la réponse ! C’est technique et sans amour, je vous l’épargnerai! De toutes façons, je doute que qui que ce soit ait compris ce dont au fond, il s’agissait !

Ancien directeur général de Christie’s dont j’ai installé l’activité de ventes en France, ancien conseil en achat d’œuvres d’art, ancien membre du Comité de Sélection de la Fiac, ancien membre du Board of Trustees de Tefaf, en charge de la sélection de ses exposants modernes à Maastricht et fondateur de sa bouture de printemps à New York, membre actuel du Comité de Sélection d’Art Basel à Bâle, et modeste dirigeant de ma modeste galerie, ce que je peux vous dire avec la plus absolue certitude est que le débat qui s’ouvre (je l’espère !), n’est pas un débat sur les riches, les recettes fiscales, ou les profits en berne !

Contrairement aux biens de consommation courante, un état s’enrichit de ses importations d’œuvres d’art, et s’appauvrit de ses exportations. De même, il s’enrichit évidemment de la production de ses Artistes.

La France est le seul pays de l’Union Européenne à avoir développé un véritable marché de l’art international. A ce titre, il est le seul marché de l’Union Européenne à bénéficier des conséquences du Brexit en tant que port d’entrée dans l’UE. En témoignent sa part de marché (50% au sein de l’Union Européenne), l’installation à Paris des deux maisons mondiales d’enchères, le regain de Drouot, l’avènement de quelques champions nationaux, l’arrivée des grandes galeries étrangères, celle d’Art Basel !

Le vrai, le seul débat, c’est un débat autour d’un problème dual, simple lui de compréhension:

1. De pure COMPÉTITIVITÉ dans un marché qui n’a pas pour frontières celles de l’Union Européenne;

2. De remise en cause de L’EXCEPTION CULTURELLE, laquelle constitue encore, avec quelques rares autres concepts, un des fondements partagés de notre pays.

Franck Prazan

Le point médian

Je suis petit-fils d’immigrés morts en déportation et, conséquence du désagrément qui précède, fils d’un garçon de l’assistance publique. J’ai grandi dans un milieu modeste que les temps d’alors, forcés par le travail, ont permis qu’il s’extirpe de sa propre condition.

Chez moi, toutes les origines, couleurs, nationalités, citoyennetés, sexes, préférences, croyances, orientations et choix étaient non seulement respectés, mais surtout recueillis avec une certaine ferveur que l’espérance portée par la promesse du triptyque républicain avait sans doute enfantée ! Et si aujourd’hui il me semble que l’Equité et la Justice sont d’application plus pratique que l’Egalité et la Fraternité, c’est bien à la Liberté que je dois de pouvoir l’exprimer !

Si le français relevait sans doute d’une piètre xénoglossie du côté de ma famille paternelle engloutie, en revanche, il avait valeur d’absolu du côté maternel. Rien, jamais, ne serait plus inclusif que la quête – souvent vaine ! – d’un imparfait du subjonctif, qu’une exception qui confirme la règle, qu’une figure de style rondement menée ! Cette gourmandise aurait-elle été plus légitime pour eux que du côté de mon Père ? en tous cas, certainement pas du fait de leur ancrage ancestral, compte tenu que les arrivées respectives en France avaient été à peu près concomitantes !

Je suis enfin père de trois filles, et je sais le prix de l’outrance qu’une femme peut subir. Ceux qui me l’ont appris le connaissent également.

Voilà pour le contexte !

A plusieurs reprises, il m’est récemment arrivé d’avoir à batailler pour obtenir, qu’à l’issue d’une demande d’entretien formulée par un média compatriote, mes propos ne soient pas retranscrits dans une autre langue que le français, savoir dans une langue qui serait, elle, par opposition à la mienne, donc, inclusive !

Or, je l’affirme, et je me tiens pour parfaitement légitime à le faire : le vrai point médian du creuset français (le seul?), c’est sa langue !

Pour moi, il n’est aucune promesse d’avenir ensemble, ni aucune compréhension commune du présent – sans parler du passé ! – pour qui ne se comprend pas. Commençons donc par intégrer le français, maîtrisons autant que possible le baroque de son orthographe, délectons-nous de la subtilité de sa stylistique, perdons-nous dans les méandres de sa grammaire, immergeons-nous dans les abymes de son lexique… et nous n’en serons que plus inclus !

Bonnes fêtes à tous !

Franck Prazan

Sélectif | Sélection

Sélectifs, à la galerie – qui aura 30 ans en 2023, et que j’ai reprise voici 18 ans -, nous l’avons toujours été…

C’est en 2010 que, pour la première fois, j’ai rejoint le comité de sélection d’une grande foire internationale, en l’occurrence celui de la Fiac, à l’invitation de Jennifer Flay et Martin Bethenod. Je m’y suis dévoué et y ai beaucoup appris. Notamment qu’aussi sincère et impartial s’envisage-t-on, on ajoute à la propension naturelle de chacun à se faire des ennemis, à perdre des amis, en complétant, pour faire bonne mesure, par celle qui conduit à n’en jamais gagner aucun !

En 2017, libéré de mes engagements précédents, j’ai accepté de rejoindre le Board of Trustees de Tefaf, la prestigieuse fondation néerlandaise. J’y ai notamment instauré le principe, la gouvernance et la mise en œuvre de comités de sélection (un pour chaque grand département artistique) – qui n’existaient pas en tant que tels auparavant – et ai, à ce titre, comme membre de l’organe afférent à la section d’Art Moderne et Contemporain, contribué à remodeler en profondeur cette spécialité à Maastricht, et à créer à partir de zéro, avec mon ami Christophe Van de Weghe, un salon éponyme chaque printemps à New York.

Entourés d’éminents confrères – dont Robert Landau, Ben Brown, Alex Logsdail ou Sharis Alexandrian -, nous nous sommes passionnément investis pour réussir un ancrage désormais solide au sein d’une institution d’essence classique qui aura été salué par la profession.

Sélectionner, ce n’est jamais juger ! Qui sommes-nous pour juger ? Sélectionner, c’est affirmer des convictions, les plus objectives possibles, en une matière par essence subjective, dans le respect du positionnement stratégique d’une foire, mais en ayant surtout conscience de l’impact de ses choix auprès de professionnels qui, ni plus ni moins que nous-mêmes, développent un programme, s’appuient sur des collaborateurs, des clients, des fournisseurs et qui engagent, à ce titre, des équilibres économiques, et souvent même des vies : En effet, être ou ne pas être sélectionné pour certaines foires, se résume parfois, aux yeux des marchands, à être ou ne pas être, tout court !

Si j’ai quitté le Board de Tefaf en mars 2021, je suis revenu au Comité de Sélection en octobre 2021, à la demande du Comité Exécutif, mais pour une durée que j’ai définie comme limitée.

Il y a peu, Marc Spiegler, Directeur Monde d’Art Basel, m’a invité à rejoindre le comité de sélection de sa foire mère à Bâle. Bâle, c’est le « Festival de Cannes » des professionnels de ma profession ! J’ai donc été honoré de cette proposition que j’ai acceptée. Comme jusqu’alors à Paris, Maastricht, ou New York, j’y consacrerai le meilleur de moi-même, veillerai en permanence à distinguer les intérêts synallagmatiques de la foire et de ses participants, d’une part, de mes intérêts personnels, d’autre part, et prendrai position conscient des enjeux, en toute indépendance, sur la base de mes connaissances des acteurs du marché et des convictions qui sont les miennes rapportées à l’ADN de la manifestation, tel que défini par son management, en pleine concertation avec les autres membres du comité.

S’est dès lors posée la question du pouvoir ! Même si je me sens parfaitement capable d’agir distinctement aux mieux des intérêts de chacune des trois foires et de ses exposants respectifs – à Maastricht, New York et Bâle -, en évitant autant que possible l’écueil de l’uniformité dans le respect de leur spécificité, une seule et même personne qui présiderait, fusse collégialement au sein de chaque instance, aux décisions de chacune d’entre elle serait inévitablement perçue par ses confrères comme dépositaire d’une responsabilité par trop exorbitante, quoique en réalité très contrôlée. Je le comprends, et en accepte l’augure.

Par souci d’équité, et même si je suis infiniment attaché à Tefaf, qui est une part de moi-même, j’ai donc informé cette dernière, comme j’en informe ici, de ma décision de céder ma place au comité de sélection moderne et contemporain.

Sélectionner, ça doit aussi pouvoir dire se soumettre à la sélection !

LA MINUTE DE VÉRITÉ

A tous les intoxiqués de la machine et de la grande ville, les frénétiques du rythme et les masturbés du réel, YVES propose une très enrichissante cure de silence asthénique. Bien au-delà des dévidages de mondes autres, déjà si peu perceptibles à notre sens commun du raisonnable, à côté sans doute de ce qu’il est convenu d’appeler « l’art de peindre », au niveau en tous cas des plus pures et plus essentielles résonances affectives, se situent ces propositions rigoureusement monochromes : chacune d’entre elles délimite un champ visuel, un espace coloré, débarrassé de toute transcription graphique et échappant ainsi à la durée, vouée à l’expression uniforme d’une certaine tonalité. Par-dessus le public-public, si commode miroir aux alouettes, les vieux habitués de l’informel se mettront d’accord sur la définition d’un « rien », tentative insensée de vouloir élever à la puissance + ∞ la dramatique (et désormais classique) aventure du carré de Malevitch. Mais il n’y a précisément là ni carré noir ni fond blanc, et nous sommes au cœur du problème. L’agressivité de ces diverses propositions de couleur projetées hors des cimaises n’est qu’apparente. L’auteur requiert ici du spectateur cette intense et fondamentale minute de vérité, sans quoi toute poésie serait incommunicable; ses présentations sont strictement objectives. il a fui jusqu’au moindre prétexte d’intégration architecturale des espaces colorés. On ne peut le suspecter d’aucune tentative de décoration murale. L’œil du lecteur, si terriblement contaminé par l’objet extérieur, échappant depuis peu à la tyrannie de la représentation, recherchera en vain l’instable et élémentaire vibration, signe auquel il s’est habitué à reconnaitre la vie, essence et fin de toute création… Comme si la vie n’était que mouvement. On l’oblige enfin à saisir l’universel sans le secours du geste ou de sa trace écrite, et je pose alors cette question : où, à quel degré d’évidence sensible, se situe donc le spirituel dans l’art? L’omniscience dialectique a-t-elle fait de nous des mécanismes de pensée, incapables de totale accommodation sincère ? En présence de ces phénomènes de pure contemplation, la réponse vous sera donnée par les quelques hommes de bonne volonté encore survivants.

Pierre Restany, pour Colette Allendy, Paris 1956, texte pour le carton d’invitation à l’exposition Yves, propositions monochromes

Nota 1: Rien n’oppose l’Informel à l’Immatériel, dès lors que le talent serait le cordon qui les relie ! (Ndlr)

Nota 2: De Wols et Fautrier à Klein et Martin Barré, de Tapié à Restany, je saute le pas, y reviens, et y retourne, … Y reviens, et y retourne, … Etc. ! (Ndlr)

Rouvrons!

26 ans dans le marché de l’art ! À titre onéreux s’entend, sans compter les années de bénévolat ! Je suis familier des maisons de ventes, j’en ai dirigé une ! Pas une personne que je connaisse et qui y travaillerait pour se réjouir de cette curiosité ethnographique française : les Sociétés commerciales de Ventes Volontaires aux enchères publiques (SVV) sont ouvertes au public, notamment dans le cadre des expositions qu’elles organisent, quand nous, galeries, avons dû fermer nos portes !

Sommes-nous inégaux devant la prophylaxie covidienne ? Absolument non ! Voici, à titre d’exemple, le protocole que nous appliquons à la galerie :

  1. Matignon : 5 personnes sont admises à la fois en sus du personnel (42 m² public / 8) ;
  2. Seine : 3 personnes sont admises à la fois en sus du personnel au RDC (26 m² public / 8) ;
  3. Elles sont appelées à respecter une distanciation physique d’un mètre au minimum entre toutes les personnes présentes dans l’établissement ;
  4. Toutes doivent porter un masque, soit qu’elles l’auront déjà avec elles, soit que nous leur fournissons gratuitement ;
  5. La porte principale doit rester sur ouverture commandée afin de faire respecter la jauge ;
  6. Du gel hydro-alcoolique est mis à disposition des visiteurs qui sont invités à en faire usage à l’entrée ;
  7. Les livreurs et coursiers (autre que d’œuvres d’art) restent sur le pas de la porte et ne pénètrent pas dans l’enceinte de la galerie ;
  8. Les consignes sont clairement affichées sur la porte, visibles depuis la rue ;

Sommes-nous concurrents ? Absolument oui ! Voici pourquoi :

  1. Nos clients vendeurs sont les mêmes : ils ont le libre choix entre vendre en public aux enchères (SVV) ou vendre en privé (SVV + galeries) ;
  2. Nos clients acheteurs sont les mêmes : ils ont la possibilité d’acheter en public aux enchères (SVV) ou en privé auprès des galeries (ou SVV puisqu’elles pratiquent également cette activité privée dans les mêmes locaux que leur activité publique !) ;
  3. Les modes de promotion, savoir les expositions dans des espaces accessibles au public sont exactement les mêmes, de même que la production de catalogues ;
  4. Sur 3,37 milliards d’euros de produit adjugé pour la France en 2019, tous secteurs confondus, 1 milliard d’euros relève du secteur « Art et Antiquités », celui constituant précisément le cadre de notre concurrence. Christie’s (200 M€), Sotheby’s (289 M€), Artcurial (161 M€), et Drouot (302 M€ pour 60 SVV), toutes localisées à Paris, et quasi exclusivement dédiées à ce secteur, totalisent 952 M€ de produit adjugé, soit à Paris 95,2% du total France ! Or les galeries, en tous cas celles qui adhèrent aux organisations représentatives de leur profession, sont à près de 90% également localisées à Paris. Et encore, je ne prends pas en compte pour mesurer cette concurrence le produit des ventes privées réalisé par les SVV, ni celui des lots adjugés à Londres, New York et Hong Kong en provenance de la France !;
  5. S’agissant des autres secteurs du produit adjugé par les SVV, « Véhicules d’occasion et matériel industriel » ou « chevaux », les acteurs privés de la concurrence sont eux, par opposition aux galeries, tous ouverts à leur public !
  6. Les ventes judicaires qui sont l’apanage des officiers ministériels n’entrent par définition pas dans le champ concurrentiel puisqu’elles relèvent d’un monopole !

Existe-t-il donc dans ce contexte une logique à la décision qui a conduit à fermer les galeries et à laisser les SVV ouvertes au public ? À mes yeux, aucune, mais il y a une explication :

  1. D’abord, pour des raisons historiques et structurelles, nos ministères de tutelle ne sont pas les mêmes, et leurs voix s’expriment donc de façon différenciée ;
  2. Le marché de l’art, j’ai souvent eu l’occasion de l’expliquer, est difficile à appréhender pour les décideurs publics. Je ne me sens donc pas autorisé à les blâmer, surtout lorsque les choix qui s’offrent à la décision sont sans doute les plus cornéliens depuis la crise de Cuba en 1962 (qui, il est vrai, ne concernait la France que très collatéralement…) ! Le marché de l’art est par nature contre-intuitif ! La rareté n’y fait pas forcément le prix (souvent bien au contraire…) ! Les clients y sont autant les acheteurs que les vendeurs qui, contrairement aux idées reçues, ne sont donc pas des fournisseurs ! Les États s’y enrichissent de leurs importations quand ils s’y appauvrissent de leurs exportations ! Les galeries, les marchands sont les clients des maisons de ventes… qui sont leurs concurrents !

Comprenne qui pourra… mais rouvrons les galeries !

L’ombre pour la proie

Je relis « La Peste ». A peu de mètres, Notre-Dame gît, si ce n’est terrassée, toujours abaissée… Je lis donc, beaucoup… Des miracles et des immondices ! Comme tout le monde, faute de mieux, j’essaie de faire de ce temps contraint un temps utile.

Moi, je suis Marchand de Tableaux. Un passeur. Pas un acteur. En tous cas pas un protagoniste. Un maillon qui lie entre elles des preuves de civilisation… Il m’arrive de penser que ce n’est déjà pas si mal !

Encore faut-il pour perdurer que perdure la civilisation. Quid de nous, alors, si même le certain n’est plus sûr ? C’est sans doute la question que, sans l’avoir nécessairement formulée, se posent nombre de mes confrères.

Quand le quart-monde des sans-abris erre sous nos fenêtres, celui que l’on ne voyait pas, pas parce que plus au sud, mais seulement plus ailleurs, quand meurent même les forts, ou ceux que l’on croyait tels, quand une portion chaque jour moins congrue d’entre nous tous se terre confinée, que le masque et le gel sont devenus l’objet de nos plus vifs désirs, quand dans l’obscurité luit la noirceur des âmes, et que dans la lumière jaillit tout soudain, comme une évidence, le poids de l’utilité commune, celle portée – notamment, pas uniquement – par ceux qui soignent, que reste-t-il encore, que restera-t-il demain de nos métiers ?

Certains s’agitent, d’autres se prostrent. Beaucoup se perdent…

Il y aura un après, puisqu’il y a eu des avants : avant des révolutions, avant des guerres – dont la dernière grande, de laquelle nous avons – j’ai ! – fondamentalement émergé -, avant des pandémies, même quand elles ne portaient pas encore ce nom.

Mais il faudra se concentrer, lâcher l’ombre pour la proie !

Et relire La Fontaine !

Franck Prazan

PS : Aux 10.266 lecteurs de ce blog, à toutes celles et ceux qui leur sont proches, et à tous les autres (y compris les 102.300 amis de la galerie sur Instragram et 107.946 sur Facebook!): « Portez-vous bien ! »

Notre Notre-Dame !

Une couverture de verre gris/blanc opalescent

Une flèche pyramidale habillée du même verre et qui culmine à 96m

Une charpente en acier inoxydable, titane ou matériau composite

Notre-Dame de la Terre

Hier, j’ai perdu un peu de mon âme. Notre-Dame, au fond, c’est beaucoup de ma vie !

Elle m’appartient en quelque sorte, au moins en partage, et j’y suis viscéralement attaché.

1000 fois sans doute, j’ai fait le détour pour la voir depuis le Pont de l’Archevêché, assise là, devant moi, regarder bien fière et droit devant. A l’étranger – j’y suis souvent -, je pense toujours à elle. Elle me rappelle à ce que je suis. Je ne suis pas Chrétien. Impérieusement, elle en fait fi ! et je m’y plie. Serait-ce parce que, plus qu’autre chose, je suis Parisien ? Sans doute. Mais pas seulement. C’est une idée. Plus forte que la religion. Celle de la foi. Non pas donc limitativement dans ce qu’elle induit de transcendance, chacun en jugera. Non pas au sens spécifiquement liturgique, chacun se l’appropriera. Ou pas. Celle de la foi, au sens de ce qui ici – ou bien là – nous unit, et à quoi l’on croit quand on croit ! Cette idée que l’on peut se rassembler autour d’une histoire quand on sait d’où elle vient, et vers où elle nous conduit. Cette idée que la laïcité n’est en rien un obstacle à la pratique qu’au contraire elle préserve. Cette idée que la grandeur d’un édifice est indissociable de la promesse qu’il vous livre et à laquelle vous pouvez vous en remettre. Avec confiance. La promesse que, quel que soit le chemin parcouru, par vos parents avant vous, vous pouvez, si vous le voulez, et si l’on vous fait sentir bienvenu, continuer ce chemin comme français.

Depuis hier, Notre-Dame n’est plus que de Paris.

Et c’est parce qu’elle est désormais Notre-Dame de la Terre qu’il ne faut pas pasticher ce qu’elle fut. Mais confier à un grand architecte contemporain le soin de l’inscrire dans de nouvelles mémoires pour 1000 ans à compter de ce jour.

Franck Prazan

16 avril 2019