Ajouter ou retrancher le nom d’un Artiste de notre programme commercial constitue invariablement l’aboutissement d’une longue maturation. Certes, nous intervenons au second marché, mais jamais au gré des opportunités…
… Nous sommes bien entendu marchands de tableaux, mais nous nous sommes toujours attachés à travailler selon des modalités que ne renieraient pas les galeristes. Non pas comme eux aux côtés des Artistes, puisque la plupart de ceux dont nous montrons les travaux sont aujourd’hui décédés, mais de façon rigoureuse et persévérante, selon la ligne que nous nous sommes fixée, dans le domaine de compétence qui est le nôtre, sans jamais nous départir de nos convictions, et le plus souvent, quelles que soient les conditions de marché.
Cela passe par de l’abnégation, parfois de la chance, toujours de la satisfaction.
C’est compliqué – croyez-moi !- mais cela fonde notre démarche et lui confère – j’aime à le croire – de la pertinence et du fond.
Comme au premier marché, nous concentrons notre propos à l’occasion d’expositions monographiques, plus rarement thématiques, publions des catalogues, et communiquons bien au-delà du cercle de nos clients, notamment par les moyens modernes mis à notre disposition par les nouveaux media.
A la différence des acteurs du premier marché, nous ne pouvons pas compter sur la mise à disposition d’une offre dynamique puisque, par définition, la production artistique que nous mettons en avant est achevée, et par là-même limitée. Cependant, les 7 foires auxquelles nous participons annuellement nous amènent à nous organiser afin de contourner cette très grande difficulté en nous attachant à donner à voir de façon – j’aime également à le croire – tout aussi dynamique.
Cela relève sans doute à terme de la gageure : Vulnerant omnes, ultima necat !
Si j’ai décidé dans ce contexte de montrer de temps à autre, sans obligation et avec parcimonie, une peinture de Martin Barré, c’est parce que je crois profondément que le marché est désormais prêt à rendre justice à un travail de longue date célébré par la critique avertie la plus minutieuse, les historiens de l’Art, les Artistes eux-mêmes, et les collectionneurs passionnés.
Martin Barré est d’abord pour moi tout à la fois un continuateur et un refondateur d’une Abstraction entendue au sens le plus pur du terme, celle qui puise ses sources à l’aune des grandes avant-gardes, de Cézanne à Malevitch ou Mondrian. Une Abstraction totale, exigeante, radicale, sans compromission.
Chez Barré, il n’y a pas plus ensuite (ni moins !), je le pense, de « paysagisme abstrait » que de trahison à la dite « Jeune Ecole de Paris », pas plus (ni moins !) de « baroquisme » que de « procédé » ou de « concept », pas davantage (toujours pas moins !) « d’artisanat » que de rejet de ces « vestiges résiduels » d’une logique qui se serait voulue « suprématiste ». Toujours selon moi, et contrairement à l’apparente évidence, il n’y a aucune rupture dans son travail. Bien au contraire. Les phases qui s’enchaînent dessinent une trajectoire qui va bien au-delà de la forme si réfléchie et rigoureuse soit-elle. Martin Barré, j’en ai la conviction, est en ce sens et avant tout un Peintre, c’est-à-dire un Artiste qui se sert de la matière, de la couleur, des outils et de la toile ou du papier pour exprimer ce qui ne peut l’être autrement.
Ce que dit un Peintre de son travail, ce qu’on écrit sur celui-ci, ne m’a jamais intéressé et rarement convaincu. Ce qui m’intéresse en revanche, c’est ce que le Peintre fait et ce que j’en vois. D’ailleurs, je suis de ceux qui pensent qu’une œuvre n’appartient plus à son auteur dès lors qu’il l’aura exprimée, ce qui est sa vocation.
Bien davantage que le précurseur du minimalisme souvent décrit, Martin Barré est enfin et avant tout pour moi le Père d’un « Art du peu qui pourtant suffit » puisque, dans l’espace silencieux de la toile et au-delà, dans l’espace qui l’accueille, il confine au tout.
L’accrocher, notamment dans un salon, parmi d’autres, n’est pas chose aisée tant le réductionnisme auquel il s’est voué s’accommode mal du brouhaha ambiant lorsque ce silence auquel il renvoie ne trouve plus à s’entendre.
Tant pis, nous ferons avec… !
Pour la première fois depuis de très nombreuses années, la galerie présentera une peinture de Martin Barré…
… A Tefaf Maastricht.
D’autres, peut-être suivront…